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Antibi ou en finir avec l’échec programmé des élèves.

mardi 7 juin 2022
Mis à jour le mercredi 8 juin 2022

André Antibi aura fait de ses recherches un combat contre l’échec et le décrochage scolaires. Fondateur de l’Evaluation Par Contrat de Confiance, il théorise une évaluation qui place l’élève en confiance et donc en réussite, qui lui donne l’envie d’apprendre et de travailler. Cette pratique évaluative permet également de lutter contre ce qu’il aura nommé « La constante Macabre ». C’est simple, cette pratique, qui s’étend jusqu’au moment tant redouté de l’évaluation, place non seulement l’élève acteur de ses apprentissages mais dans un cercle vertueux où la participation active, les échanges, la confiance enseignant·e - élèves, le travail et les efforts sont récompensés.

"Ce qui motive le plus un élève, c’est la réussite et la confiance. Or trop souvent, l’évaluation scolaire est utilisée comme un moyen de sanction et l’erreur est considérée comme une faute, alors qu’elle est tout à fait normale dans tout apprentissage", André Antibi.

Comment caractériser « La constante macabre » ?

C’est un comportement inconscient des enseignant·es observé et analysé par André Antibi. « La constante macabre » se traduit par un équilibrage des notes obtenues par les élèves de la classe indépendamment de leurs réelles compétences. En effet, pour être crédibles et répondre à une forme de pression sociale, les enseignant·es attribuent un certain pourcentage de mauvaises notes à leurs élèves sans réelle prise en compte du niveau de ces derniers. Ainsi, ces enseignant·es conservent l’image de professeurs fiables.

Comment se manifeste cette « constante macabre » ? Elle n’émerge pas d’un problème de notation, mais d’un problème de culture et plus précisément de culture de l’évaluation. Cette culture revient à considérer que pour qu’une évaluation soit « recevable » il faut un certain pourcentage d’élèves en échec, sinon elle est jugée inutile et trop facile. Concrètement, cela se traduit par de nombreux choix effectués par l’enseignant·e lors de la conception de l’évaluation :

• Un exercice réussi par tous ne sera pas retenu,

• La présence de questions « pièges », c’est-à-dire qui n’ont pas été traitées en classe,

• La longueur de l’évaluation calibrée en fonction des élèves « performant·es » afin qu’ils et elles ne terminent pas trop vite,

• Une hiérarchisation des exercices en fonction de la difficulté : les exercices faciles en tête de l’évaluation, et en plus qui ne permettent pas de valider de nombreuses compétences.

Pour quels résultats ? Cette pratique évaluative, inconsciente mais persistante, provoque une perte de motivation, de confiance et un décrochage scolaire chez les élèves en difficulté. A quoi bon travailler si c’est pour être abonné·e aux mauvais résultats ?

André Antibi imagine alors l’Evaluation Par Contrat de Confiance (EPCC). C’est une démarche pédagogique simple, qui ne nécessite pas de moyens supplémentaires. Cette évaluation, comme son nom l’indique, est basée sur un contrat de confiance entre les élèves et l’enseignant·e. Ce contrat repose notamment sur le fait que l’évaluation proposée correspond aux apprentissages enseignés (pas de pièges), mais aussi que les attendus et le contenu de l’évaluation ont été rendus explicites pendant les séances d’apprentissage. Se faisant, les enseignant·es réduisent un facteur néfaste qui intervient et interfère dans les résultats des élèves les plus fragiles : le stress.

Ainsi, une semaine avant l’évaluation une séance dédiée aux révisions est mise en place. Cette séance de questions-réponses permet aux élèves qui n’ont pas compris certaines notions de demander des explications avant l’évaluation. Les révisions sont organisées en classe avec la présence de l’enseignant·e, ce choix n’est pas anodin quand on sait combien les inégalités scolaires sont renforcées par les inégalités sociales. Finalement, l’Evaluation Par Contrat de Confiance s’appuie sur un travail scolaire qui prépare plus explicitement et plus rigoureusement à l’évaluation.

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