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"Chacun peut changer le monde à son niveau"

jeudi 21 mars 2013
Mis à jour le lundi 25 février 2013

Co-fondatrice avec Bernard Vaillot de l’agence Galaxie Presse, Catherine Berthillier a réalisé plus d’une centaine de reportages pour Envoyé Spécial (France 2), Des Racines et des ailes (France 3), Zone Interdite (M6), Reportages (TF1), Arte Reportage (ARTE) ainsi que de nombreux documentaires pour France 3 et France 5 en coproduction internationale.

- En quoi consiste Shamengo ?

  • Shamengo est une plate-forme de vidéos et d’informations disponible sur Internet. Une centaine de vidéos sont déjà disponibles, chacune propose le portrait filmé d’une personne que nous appelons un pionnier. Un pionnier est quelqu’un qui, quelque part sur la planète, a mis sur pied un projet susceptible de changer la vie quotidienne des gens et ceci dans quatre grands domaines : prendre soin de soi, créer dans l’éthique, préserver la planète, s’engager pour les autres. Le projet est de faire basculer le grand public vers ces valeurs humanistes en montrant que chacun peut changer le monde à son niveau.

- D’où vous est venue cette idée ?

  • Je suis grand reporter depuis une quinzaine d’années, j’ai travaillé pour des émissions comme « Envoyé spécial » en parcourant le monde avec une caméra pour tourner des sujets d’investigation dont bon nombre traitaient de conflits, de guerres, de catastrophes... Un jour, au cours d’un reportage en Inde sur un trafic d’organes dans un village d’enfants, j’ai eu un déclic en observant des enfants qui s’émerveillaient devant une lampe solaire. Plutôt que de m’intéresser à ceux qui détruisent le monde, j’ai eu alors l’idée de mettre en valeur ceux qui le rendent meilleur, ceux qui développent des actions positives et qui souvent ne sont pas médiatisés. La crise actuelle nous montre qu’on est au bout d’un monde mais aussi à l’avènement d’un nouveau . Une révolution dans laquelle j’avais envie de m’impliquer personnellement.

- Comment est né Shamengo ?

  • J’ai commencé à repérer des gens dans le monde entier et à tourner des sujets qui m’ont permis de montrer ce que je voulais faire. J’ai pu alors trouver le soutien de la MGEN, une mutuelle que je connaissais déjà professionnellement et qui correspondait bien aux valeurs humanistes du projet. Le programme a démarré vraiment il y trois ans. J’ai essayé de « vendre » l’idée aux grandes chaînes qui n’en ont pas voulu. D’où l’idée développer un projet du type « cross-media » qui utilise la télé mais aussi, l’ordinateur, le smartphone. Le lancement officiel de Shamengo a eu lieu en octobre 2011.

- Pourquoi le choix d’un format standard de deux minutes ?

  • Les gens ont de moins en moins de temps. En télé, le format court, c’est 45 secondes mais on n’a le temps de rien expliquer. Deux minutes, c’est facile à « consommer » pour tout le monde et c’est idéal pour ce que j’appelle des « pastilles de bonheur  » : on s’évade, on découvre le parcours de quelqu’un et on a le temps de comprendre les tenants et les aboutissants de la situation. Le programme de Shamengo est un peu conçu comme un oignon.

- Quel est le premier bilan au terme d’un an d’existence ?

  • On est aujourd’hui à 10 millions de vue : 9 millions en télé et 1 million sur Internet. Les courbes de croissance sur Internet sont très rapides à plus de 30% par mois mais il faut dire qu’on partait de zéro ! On a un public qui se fidélise et fréquente régulièrement le site avec des gens qui apprécient la qualité du travail et sont conquis par les découvertes qu’il y font.

- Comment lutter contre la consommation grandissante d’images et d’informations axées sur le sensationnel, le « people » ?

  • Cette tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle touche principalement les gens les plus démunis, les moins cultivés. Shamengo au contraire présente des modèles positifs. Nous racontons des belles histoires qui se terminent bien mais au prix de beaucoup d’efforts et de persévérance. L’idée est d’inciter les gens à sortir de la passivité et à se prendre en charge en développant le côté participatif. Je pense qu’il serait essentiel dans la formation des jeunes de développer une vraie formation aux images télévisuelles  : comment sont-elles fabriquées ? Quels sont les ressorts qu’elles activent chez les spectateurs ? Quand on passe trois heures par jour devant des écrans, éviter les programmes abrutissants est fondamental.

- Des idées à reprendre à l’école ?

  • Le voyage autour du monde à la découverte de nos pionniers constitue déjà une découverte d’autres pays, d’autres cultures mais aussi d’une certaine universalité. Au delà, j’ai envie de développer des plate-formes collaboratives. Les établissements scolaires pourraient s’engager aux côtés des pionniers sous la forme de messages d’encouragement, de correspondance mais aussi reprendre des idées au niveau local. On est tous des Shamengo en puissance !
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