Accueil du site > > Les apprentissages par domaines d’enseignement > Langage écrit > « Du mieux pour la littérature jeunesse à l’école »

« Du mieux pour la littérature jeunesse à l’école »

jeudi 20 juin 2013
Mis à jour le lundi 28 janvier 2013

Max Butlen est maitre de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise, IUFM, laboratoire CRTF, fondateur du tout nouveau master littérature de jeunesse à l’UCP.

- Vous avez participé aux actions de valorisation de la littérature de jeunesse à l’école depuis une trentaine d’années, diriez-vous que cette littérature y a trouvé sa place ?

  • J’ai le sentiment que les actions que nous avons initiées pour promouvoir et légitimer les meilleurs ouvrages de la littérature de jeunesse, au tout début des années 80 ont eu une certaine efficacité. Elles ont été lancées en liaison avec les bibliothécaires et les professionnels du livre par quelques formateurs d’enseignants, de rares chercheurs, beaucoup de collègues de terrain. En 2002, le ministère de l’Éducation nationale a enfin légitimé cette littérature en la plaçant au coeur de programmes de grande qualité. La littérature de jeunesse fait désormais partie du quotidien de la plupart des classes de primaire, pourtant les projets liés à sa présence dans les apprentissages appellent encore des approfondissements. Il reste bien du grain à moudre.

- Sur quels éléments repose ce sentiment ?

  • Une équipe de recherche que j’ai dirigée a conduit une enquête sur cette présence et sur ses usages à l’école à l’occasion d’un colloque organisé avec la Bibliothèque nationale de France en 2011. La généralisation de la présence de la littérature de jeunesse a été confirmée mais il est apparu que les usages pédagogiques méritent d’être interrogés pour plusieurs raisons.

- Lesquelles ?

  • Les programmes de 2002 ont posé comme objectif la construction d’une première culture littéraire, une culture commune à tous les élèves. Pour l’atteindre, des listes de références ont été établies par une commission de la DGESCO tandis que les programmes ouvraient de remarquables et audacieuses pistes didactiques en prenant appui sur la recherche et sur les expérimentations de collègues novateurs. Parmi les pistes proposées, je citerai la « mise en réseaux » des ouvrages de ces listes, entre eux mais aussi avec d’autres oeuvres, pour faciliter l’appropriation, la compréhension des textes, pour installer et partager cette culture tout en ouvrant de nouveaux horizons de lecture. Ces programmes invitaient aussi à organiser dès l’âge de cinq ans des « débats interprétatifs » ou encore suggéraient la tenue d’un carnet de lecteur. Ils ont réhabilité la lecture à haute-voix, démultipliant la pratique de la « lecture offerte ». Or, les programmes suivants, en 2008, ont plutôt freiné ce mouvement, alors qu’on attendait qu’ils apportent les précisions devenues indispensables pour répondre aux questions et aux besoins de formation de collègues confrontés dans leur pratique à des démarches jugées fécondes mais complexes car elles ont reconfiguré les enseignements de la lecture et de la littérature.

- N’avait-on pas parlé aussi d’un renouvellement et d’une extension de ces listes de références ?

  • Effectivement, en 2007, une liste de référence de 250 ouvrages a bien été établie pour le cycle 2, et la liste pour le cycle 3 a été actualisée avec ses 300 ouvrages adaptés aux objectifs pédagogiques et culturels du cycle. Ce n’est qu’ en 2012, que la commission nationale de la DGESCO a pu reprendre son travail. Avant la fin de l’année, elle sera en mesure de publier une actualisation des listes C2 (avec 270 titres) et C3. En 2013, la liste qui manquait pour le cycle l sera établie.

- Quelles autres observations ont été faites dans l’état des lieux de la recherche et de la formation ?

  • La recherche indéniablement s’est développée, même s’il faut déplorer les réticences persistantes de certaines instances, voire de certains collègues, et même si les professeurs des universités habilités manquent encore cruellement. Les thèses en rapport avec la littérature de jeunesse sont beaucoup plus nombreuses et concernent des disciplines bien au-delà des lettres. On remarque aussi que les séminaires, les colloques, les journées d’études organisées par les universités se sont multipliés sur des thématiques de plus en plus variées, ce que l’on retrouve aussi dans des revues liées à la recherche. Du côté de la formation, l’enseignement de la littérature de jeunesse, au-delà des IUFM, est apparu dans un nombre significatif de licences. Quelques masters existent désormais dont celui que nous venons de créer à Cergy et Antony. Notre publication dresse un état des lieux, propose une analyse et confirme que si la situation est bien meilleure qu’à la fin des années 70, l’action dans ce champ est à poursuivre… et amplifier.
SPIP | |Nous écrire|SNUipp|FSU | Suivre la vie du site RSS 2.0