École inclusive et manque de moyens

Les chiffres de la scolarisation des élèves en situation de handicap

Depuis 2019, le nombre d’élèves en situation de handicap accueilli·es à l’école a nettement progressé, passant de 361 200 en 2019 à près de 385 000 en 2020.

Le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisé·es en milieu ordinaire a donc progressé de 7% à la rentrée 2020. Cette augmentation continue a transformé l’organisation même de l’école et le service public de l’École inclusive s’est doté d’indicateurs qui permettent d’en mesurer les avancées.

Chiffres issus du Comité national de suivi de l’école inclusive, Novembre 2020

Handicap et société, quelle vision ?

La France a mis du temps à considérer que le handicap devait être une priorité nationale pour favoriser l’insertion sociale des personnes en situation de handicap. Les premières lois dans l’éducation de 1975 puis celle de 2005 ont participé à faire évoluer l’école, comme actrice principale de la construction d’une société inclusive.

Les pays de l’OCDE se sont dotés de politiques plus inclusives de leur système éducatif par la déclaration de Salamanque en 1994, contribuant ainsi à faire progresser l’idée que les personnes en situation de handicap ont un droit à l’éducation et que l’école devrait accueillir toutes et tous les élèves.

La définition officielle des « besoins éducatifs particuliers » en 1996 devait permettre de définir les difficultés ou le handicap en évitant le poids du diagnostic médical dans la définition d’un handicap, et devait définir la « différence » à partir d’un ou de plusieurs besoins. Cette définition aurait dû permettre d’agir sur les besoins de l’élève et non sur les conséquences de son handicap.

Pourtant, les politiques de l’école inclusive se sont faites sans les moyens nécessaires, étant plutôt l’occasion de réduire les postes d’enseignant·es spécialisé·es, de fermer des structures, de réduire les places dans les établissements spécialisés. Cette politique a contribué à rendre l’inclusion scolaire difficile, malgré la bonne volonté et le professionnalisme des enseignant·es et n’a aidé que faiblement à la construction d’une véritable société inclusive.

La culture populaire est coincée entre une bienveillance naïve et stérile et une définition « d’anormalité ». Le chemin est encore long pour ne pas considérer le handicap ou la différence en générale, comme un poids pour la société mais plutôt comme une chance.