Le ministère divulgue des informations sur les coupures électriques qui pourraient toucher des écoles.
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mardi 7 avril 2020
Mis à jour le mardi 7 avril 2020
Une des caractéristique forte et identitaire de l’enseignement dans le premier degré, est la polyvalence de ce métier. Et même si l’on ressent plus d’affinité pour telle ou telle discipline, il s’agit bien à l’école primaire d’éduquer un enfant dans sa globalité. Ce qui peut constituer un attrait plus particulier pour le premier degré.
Une hiérarchie des disciplines qui contribue à creuser les inégalités Une fois en classe, enseigner toutes les matières s’avère moins évident qu’il n’y paraît. Les injonctions et pressions plus ou moins symboliques, parfois sociales, sont nombreuses et laissent envisager qu’il y aurait une hiérarchie des disciplines. Au quotidien, l’enseignant·e subit la position hégémonique des mathématiques et du français, pensés de manière indépendante des autres matières. Parfois il reste du temps pour faire du sport, ou des sciences… D’autres fois des domaines considérés à tort comme « mineurs » passent à la trappe. Parents, et même enseignant·es peuvent par moment considérer certaines disciplines comme moins importantes et à survaloriser français et maths.
De plus, les messages ministériels tendent également à instaurer une hiérarchie entre les savoirs, qui peut contribuer à creuser les inégalités, en privant les élèves qui en ont le plus besoin d’entrées culturelles notamment. Ainsi les programmes officiels tout comme la formation initiale ont été resserrés sur les « fondamentaux », lire, écrire, compter, respecter autrui. La France consacre 42,5 % de son temps scolaire aux autres matières que le français et les maths, quand les pays de l’OCDE y consacrent en moyenne 63 %. La Finlande, qui fait partie des bons élèves dans la lutte contre les inégalités scolaires, consacrent à ces autres disciplines plus de 60 %.
Penser l’enfant dans sa globalité Il y a effectivement un lien entre démocratisation du système scolaire, c’est-à-dire réussite de TOUS les élèves, et polyvalence. De nombreuses études ont prouvé que travailler toutes les disciplines, tisser des liens entre les savoirs, revient à donner les moyens aux élèves, et notamment ceux les plus éloignés de la culture de l’école, de penser le monde dans sa globalité complexe et à donner du sens aux acquisitions menées en classe. Or, pour un élève, l’engagement dans les apprentissages est d’autant plus grand quand ceux-ci ont un sens et une cohérence comprise et partagée, ce qui lui permet déjà de mobiliser ses connaissances dans et pour sa vie de citoyen en devenir.
Cette polyvalence des professeur·es des écoles est censée favoriser une articulation des notions entre elles, permettre des transferts et des approches didactiques et pédagogiques inter, pluri ou transdisciplinaires (lire : Mobiliser des savoirs multiples, 2 questions à Denis Paget). Cette spécificité du premier degré permet aussi à l’enseignant·e d’avoir une vision globale de l’élève et de valoriser ses réussites. Un·e élève en difficulté en mathématiques mais à l’aise en éducation physique comprendra plus facilement le tableau double entrée lors d’une activité d’athlétisme par exemple, et pourra par la suite entrer plus facilement dans des apprentissages plus abstraits.
En pratique, on fait comment ? Mais les professeur·es des écoles ne peuvent pas être expert·es dans tous les domaines. C’est pourquoi différentes modalités peuvent aider à la pluri voire à l’interdisciplinarité. En premier lieu, la polyvalence peut être une affaire de collectif d’école. Se poser en équipe la question de l’enseignement de toutes les disciplines est déjà un premier pas dans la mise en œuvre de la pluridisciplinarité et l’exigence de ne pas se restreindre aux matières dites « fondamentales ». Cependant, pour dépasser la simple juxtaposition de disciplines, la pluri doit devenir interdisciplinarité et cela peut être porté dans une pédagogie du projet, avec d’autres structures que celles de l’école (lire : Quand le chant fait l’Histoire) ou bien en travaillant avec des intervenant·es extérieur·es, comme des artistes par exemple (lire : Écrire et danser).
En effet, les disciplines artistiques parce qu’elles amènent à penser le monde autrement, parfois à le renverser pour mieux le re-créer sont fondamentales au même titre que le lire, écrire, compter.
Penser toutes les disciplines et les concevoir de manière globale et croisée est un véritable enjeu pour les professeur·es des écoles. Enjeu et défi à relever parce qu’éduquer un enfant dans sa globalité, c’est penser les citoyen·nes de demain, libres et éclairé·es.