Comme souvent avec ce gouvernement, les organisations syndicales ont été mises devant le fait accompli, sans avoir été concertées préalablement. Elles ont, en effet, découvert début octobre un calendrier très serré : le ministère avait lancé des Appels à Manifestation d’Intérêt (dossiers de candidatures ou AMI) dont les retours étaient prévus pour le 20 novembre !
En quoi consiste ce PPPE ?
Les étudiant·es de licence se verront proposer un parcours opéré à la fois en lycée et à l’université, selon une répartition qui dépendra du niveau de licence.
En L1 : 75% en lycée - 25% en université
Rotation de type : 3 semaines lycée / 1 semaine université
En L2 : 50% en lycée - 50% en université
Rotation de type : 2 semaines lycée / 2 semaines université
En L3 : 25% en lycée - 75% en université
Rotation de type : 1 semaine lycée / 3 semaines université
Ce parcours sera diplômant et aboutira à un diplôme national de licence généraliste dont le débouché "naturel" serait le master MEEF.
À partir de la L2, il pourra s’articuler avec le parcours des AED en "préprofessionnalisation"
En L1, un stage d’observation en école de 3 semaines est prévu, avec découverte du collège de secteur au 2ème semestre
En L2, un stage d’observation et de pratique accompagnée de 3 semaines au 4ème semestre et débouchant sur un rapport de stage qui délivrera 6 ECTS
En L3, les étudiant·es devront faire un stage à l’étranger durant 4 semaines qui délivrera 6 ECTS :
- un stage de renforcement linguistique pour les étudiant·es ayant besoin de renforcer leurs acquis linguistiques
- ou un stage d’observation d’un autre système éducatif, en langue étrangère, pour les étudiant·es présentant un niveau en langue avéré.
L’analyse du SNUipp-FSU
Le PPPE porte une vision peu ambitieuse de la formation des enseignant·es du 1er degré et au final de l’école primaire. Il présente un vrai risque de dés-universitarisation de la formation et de décrochage avec le 2nd degré.
Des modules de pré-professionnalisation existent à l’heure actuelle à l’université. Pourquoi mettre en place un autre parcours en parallèle ?
Ce parcours affiche une "volonté d’ouverture sociale" mais ne donne aucune garantie concrète pour rendre effective cette volonté.
La présence de formateur·trices du 1er degré est très insuffisante dans ce parcours, puisque les praticiens du 1er degré ("par exemple des conseiller·es pédagogiques ou des IEN") ne pourront intervenir que de manière ponctuelle, sous forme d’ateliers ou de conférence.
Les INSPE semblent complètement mis à l’écart de ce dispositif.
Au vu de la faible part consacrée aux enseignements universitaires, la réorientation des étudiant·es pourrait être compromise.
D’autres inquiétudes existent : Quels seront les contenus des enseignements pour la partie lycée ? Qui les définira ? Comment s’articulera ce parcours avec la licence suivie en parallèle ?
Parcours labellisés pour 2021
Alors que la volonté ministérielle était d’ouvrir au moins une classe par région académique, la commission réunie le 1er décembre 2020 au MESRI a labellisé 25 PPPE, couvrant 23 académies sur les 30 existantes.
Académies |
Partenariats |
Mentions de licence |
Amiens |
UPJV et lycée Félix Faure (Beauvais) |
Licence lettres-humanité (antenne Beauvais) |
Besançon |
UFC et lycée Condorcet (Belfort) |
Licence administration et gestion des entreprises - mention AES |
Bordeaux |
Université de Pau et lycée Louis Barthou (Pau) |
Licence mention "MIASHS" et "lettres" |
Corse |
Université de Corse Pasquale Paoli et lycée Pasquale Paoli (Corte) |
Licence lettres-langues - majeure lettres |
Créteil |
Université Gustave Eiffel et lycée Léon Blum (Créteil) |
Licence sciences de l’éducation |
Grenoble |
UGA et lycée Emmanuel Mounier (Grenoble) |
Licence sciences de l’éducation |
Guadeloupe |
Université des Antilles (pôle Guadeloupe) et lycée de Baimbridge (Pointe-à-Pitre) |
Licence STAPS |
Guyane |
Université de Guyane et lycée Melkior Garré (Cayenne) |
Licence de lettres |
Guyane |
Université de Guyane et lycée Bertène Juminer (Saint-Laurent-du-Maroni) |
Licence de mathématiques |
La Réunion |
Université de La Réunion et lycée Georges Brassens (Sainte-Clotilde) |
Licence AES |
Lille |
ULCO et lycée Jean Bart (Dunkerque) |
Licence mathématiques |
Limoges |
Université de Limoges et lycée Turgot (Limoges) |
Licence sciences et technologies |
Lyon |
Université Jean-Monnet Saint-Étienne et lycée Fauriel (Saint-Étienne) |
Licence "sciences, technologies, santé", mention mathématiques |
Martinique |
Université des Antilles et lycée Bellevue (Fort-de-France) |
Licence de mathématiques |
Mayotte |
CUFR de Mayotte et lycée polyvalent de Dembéni |
Licence sciences technologie et humanités, parcours pluridisciplinarité |
Montpellier |
Université de Perpignan Via Domitia et lycée Jean Lurçat (Perpignan) |
Licence de mathématiques |
Nancy-Metz |
Université de Lorraine et lycée Robert Schuman (Metz) |
Licence de mathématiques |
Nantes |
Université d’Angers et lycée Henri Bergson (Angers) |
Licence de mathématiques |
Nice |
Université Côte d’Azur et lycée d’Estienne d’Orves (Nice) |
Licence lettres |
Orléans |
Université d’Orléans et lycée Voltaire (Orléans) |
Licence sciences de la vie |
Paris |
Université Paris-I Panthéon Sorbonne et lycée Claude Bernard (Paris) |
Licence d’arts plastiques |
Rouen |
Université de Rouen et lycée Val de Seine (Le Grand-Quevilly) |
Licence sciences de l’éducation |
Toulouse |
Université Toulouse-III Paul Sabatier et lycée Bellevue (Toulouse) |
Licence de mathématiques |
Versailles |
Université Paris Nanterre et lycée Juliot-Curie (Nanterre) |
Licence lettres |
Versailles |
Université CY Cergy Paris et lycée Alfred Kastler (Cergy-Pontoise) |
Licence lettres modernes |
Ces parcours préparatoires seront ouverts dès la rentrée 2021 pour des promotions de 30 à 40 étudiant·es pour chaque parcours.
Un autre appel à manifestation d’intérêt sera lancé en 2021 pour la labellisation de nouveaux projets à la rentrée 2022.
Le SNUipp-FSU porte un autre projet pour les étudiant·es se destinant aux métiers de l’enseignement
Des prérecrutements sont indispensables afin de garantir un vivier suffisant, sécuriser les parcours des étudiant·es et démocratiser l’accès au métier.
Ils doivent être massifs, sans contrepartie de travail, ouvrir le droit à la retraite, être contingentés pour répondre aux besoins de chaque académie et garantir une rémunération suffisante pour poursuivre des études et préparer le concours.
Le statut doit garantir des conditions d’encadrement et de formation pour obtenir le diplôme requis au concours puis réussir le concours.
Le SNUipp-FSU revendique des prérecrutements sur l’ensemble du territoire, intégrant des critères sociaux dès l’entrée en L1 et à tous les niveaux du cursus universitaire, contingentés en fonction d’un plan pluri-annuel de recrutement. Pour les académies déficitaires, le SNUipp-FSU envisage un élargissement des modalités de prérecrutement.
Une fois prérecruté·es, les étudiant·es doivent pouvoir suivre des modules universitaires particuliers disciplinaires, didactiques et pédagogiques, des stages d’observation et de pratique accompagnée, ouverts à tous les cursus universitaires.
Leur objectif serait à la fois de conforter le choix professionnel de l’étudiant·e et de permettre sa réussite au concours. Ces modules ne peuvent se substituer à la formation initiale délivrée après le recrutement. |