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Vers une nouvelle formation initiale

lundi 17 août 2020
Mis à jour le lundi 17 août 2020

Malgré la crise sanitaire, Jean-Michel Blanquer a poursuivi, voire accéléré la réforme de la formation des enseignant·es.

Une formation centrée sur les « fondamentaux » : une vision étriquée de la professionnalité enseignante

Les évaluations internationales le montrent : la France creuse les inégalités scolaires liées à l’origine sociale des élèves alors que la plupart des pays de l’OCDE réussit à les réduire. Pour réduire ces écarts, l’école doit être un lieu d’ouverture sur le monde et permettre aux élèves les plus éloigné·es de la culture scolaire de donner du sens aux apprentissages. Or resserrer sur les « savoirs fondamentaux » ne le permet pas car cette vision n’appréhende pas l’élève dans sa globalité.

La formation initiale doit, au contraire, permettre aux futur·es enseignant·es de pouvoir enseigner toutes les disciplines de l’école primaire. Elle doit également permettre à chacun·e de devenir enseignant·e. Pour cela, elle doit croiser la recherche, avoir un contenu riche couvrant tous les pans du métier et des stages progressifs permettant d’articuler théorie et pratique. Enseigner ne peut être assimilé à une mise en œuvre de bonnes pratiques prescrites par le ministère et s’appliquant à tou·tes de façon uniforme. Enseigner, c’est concevoir et non pas exécuter.

Recul de la place du concours : un accès au métier rendu plus difficile

Cette année sera la dernière où les concours se dérouleront en fin de M1. A compter de 2022, il faudra financer une année d’étude supplémentaire pour accéder au concours. Combien d’étudiant·es auront les moyens de financer 5 années d’études sans garantie d’être recruté·e ? Ce nouveau recrutement ne pourra pas permettre de lutter contre le manque d’attractivité du métier.

D’autre part, l’année de M2, va encore être alourdie : à la responsabilité de classe, la validation du master et du mémoire va s’ajouter la préparation et la passation du concours.

Des étudiant·es contractuel·les dans les classes

Le projet d’arrêté de master MEEF institue des « contrats d’alternance ». Des étudiant·es contractuel·les seront en responsabilité de classe à raison d’un tiers-temps hebdomadaire, pendant douze semaines, à partir du milieu de M1.

D’autre part, depuis la rentrée 2019, dans certaines académies, des étudiant·es entrant en L2, se voient proposer des contrats d’AED de 3 ans, pour une rémunération allant de 700€ en L2 à 980€ en M1. Une façon non déguisée et à coût réduit de pallier les difficultés de recrutement et de remplacement, mais qui, en réalité, va créer de la précarité et entraver leur formation. En effet, avec 8 h par semaine en classe au moins, réparties sur trois demi-journées, ce dispositif amputera les horaires universitaires. Quelle sera l’articulation entre ce travail et les emplois du temps universitaires ? Cela peut réduire les chances d’obtenir un diplôme universitaire pour ces jeunes et donc entraverait la nécessaire démocratisation de l’accès au métier. De surcroît, on peut craindre que ces jeunes qui rateraient le concours fournissent alors un vivier de contractuels pour les rentrées suivantes.

Le SNUipp-FSU dénonce le recours à une main-d’œuvre bon marché, revendique des enseignant·es recruté·es et formé·es face aux élèves et porte, un projet ambitieux de formation initiale.

Un projet ambitieux de formation initiale porté par le SNUipp-FSU

Le SNUipp-FSU revendique des pré-recrutements dès la L1 et à tous les niveaux du cursus, un concours placé en fin de L3 suivi d’une formation initiale professionnelle de deux ans, rémunérée, sous statut de fonctionnaire stagiaire et validée par un master. Les stages doivent s’inscrire dans une logique de formation pleinement articulée à l’INSPE, inclure des temps de préparation et d’analyse de pratiques et permettre de découvrir tous les cycles. Une première année de titulaire à mi-temps en classe permettrait de construire des compléments didactiques et disciplinaires, pour s’exposer à l’analyse de pratique. Enfin, la formation initiale doit se poursuivre en T2.

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